Deux photographies de la découverte du camp de concentration de Natzweiler-Struthof

La vue sur le camp : The Natzweiler-Struthof concentration camp.
Date : 1944 November 30
©United States Holocaust Memorial Museum, courtesy of National Archives and Records Administration, College Park
En mars 1941, Himmler décide de créer un camp de concentration pour exploiter un filon de granit rose sur le mont Louise, en Alsace annexée. Les 300 premiers détenus allemands, arrivés en mai 1941, construisent la route et le camp bas situé autour de l’auberge du Struthof puis aménagent en 1942 le camp haut, situé à 800 mètres d’altitude. Natzweiler est le seul camp de concentration érigé sur le territoire français. À partir de 1943, le camp s’oriente vers le soutien à l’économie de guerre avec l’aménagement d’un centre de démontage de moteurs d’avions dans la carrière de granite tandis que des camps annexes se multiplient des deux côtés du Rhin. Natzweiler est aussi le théâtre de sinistres expériences médicales. En avril 1943, une chambre à gaz est aménagée en face de l’auberge. 86 Juifs y sont assassinés en août pour la collection de squelettes juifs du professeur Hirt.
50 000 détenus sont internés au camp central et dans ses 53 camps annexes où 17 000 perdent la vie. Parmi les détenus, les NN (Nuit et Brouillard), dont beaucoup de résistants, sont destinés à disparaître sans laisser de traces.

L’entrée du camp de concentration de Natzweiler, gardée par deux membres de la résistance française. Photographe : Emanuel Greenhaus. Date : 1944 December 02
©United States Holocaust Memorial Museum, courtesy of National Archives and Records Administration, College Park
Dans la matinée du 25 novembre 1944, des hommes de la 3e division d'infanterie américaine pénètrent dans un camp vide et totalement intact. Il n’y a aucun cadavre, aucun charnier comme ceux découverts à Bergen-Belsen en avril 1945. Le camp est vide de détenus car ceux-ci ont été évacués. En effet, entre septembre et novembre 1944, environ 6 000 détenus sont transférés vers Dachau. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, 106 résistants du réseau Alliance et 35 maquisards du GMA (Groupe Mobile d'Alsace) Vosges sont assassinés.
Les soldats américains médusés comprennent l’ampleur des horreurs perpétrées. Les premières photographies du camp sont prises début décembre. Dès le 5 décembre, le New York Times publie un reportage intitulé : « l’usine de la mort en Alsace ».
Fait unique, le complexe concentrationnaire perdure sans son camp central. Son administration, repliée dans la vallée du Neckar, enregistre 25 000 nouveaux déportés et crée de nouveaux camps annexes qui fonctionnent jusqu’en avril 1945. Des milliers de détenus y perdent la vie.
Pour en savoir plus :
- Un entretien avec Michaël Landolt, directeur du centre européen du résistant déporté (CERD)
- Témoignage d'Henri Mosson : à 101 ans, il est l'un des derniers survivants du camp du Natzweiler