Restauration du char "Cornouailles" à la Citadelle de Belfort

En 2024, la ville de Belfort a entrepris la réfection de l'esplanade Bauer située à l’entrée de la Citadelle qui arborait depuis de nombreuses années un char de la Seconde Guerre mondiale, communément appelé « Char Martin ». Ce projet permet d’intégrer la Seconde Guerre mondiale au lieu de mémoire qu’est la Citadelle.

Ce char moyen américain Sherman M4 A2 est livré aux troupes françaises libres et affecté à la 1ère Armée Française, 5e Division Blindée, 6e Régiment de Chasseurs d’Afrique. Parti d’Afrique du Nord avec son équipage, ce blindé participe au débarquement de Provence en août 1944 qui le mène aux violents combats pour la libération de Belfort. Celle-ci débute le 20 novembre 1944 par l’assaut des commandos d’Afrique et des bataillons de choc. Ces troupes sont alors mises en difficulté en raison de l’indisponibilité de soutien blindé. En effet, les chars du 6e Régiment d’Afrique sont retardés par une tranchée antichar qui ne peut être comblée par le bulldozer (celui-ci ne pouvant pas passer sous un tunnel en raison de sa hauteur… pour 5 cm de trop !).

Portant le numéro 51 et baptisé « Cornouailles » par l’équipage du Lieutenant Jacques Martin, ce char est mis en difficulté sur les hauteurs du fort de la Miotte par des tirs nourris. Le blindé perd sa chenille gauche et est contraint de se coucher dans un fossé, simplement retenu par un arbre. Le lieutenant Martin, en voulant guider la manœuvre du blindé, sort de la tourelle et est mortellement touché à la tête. Le reste de l’équipage arrive à s’extirper mais laisse le blindé sur place. Coincé dans la tourelle, le corps du lieutenant ne peut être rapatrié malgré l’effort des militaires et d’un autre char de soutien (le numéro 55), piloté par le maréchal des logis Weiser. C’est seulement le lendemain que son corps est extrait du char. La nuit suivante, les allemands détruisent le blindé à coup d’armes antichar.

Carnet de peloton du char "Cornouailles"

Carnet de peloton du char "Cornouailles"

Carnet de peloton du char "Cornouailles"

Après la guerre, la tourelle de ce char est récupérée et exposée dans le parcours découverte de la Citadelle. C’est un autre char du même modèle, d’origine inconnue qui est placé au fort de la Miotte. Il y restera presque 30 ans avant d’être redéployé sur l’esplanade Bauer à l’entrée de la Citadelle pour évoquer le « Cornouailles ». Ce char d’évocation qui n’est évidemment pas celui de Jacques Martin dispose de marquages approximatifs.

Dans le cadre du réaménagement de l’esplanade, le service des musées apporte son expertise afin d’évoquer au mieux ce blindé qui s’illustra en novembre 1944 dans le cadre de la libération de la Ville. Cette expertise se fonde notamment sur de nouvelles sources telles des photographies et l’étude du carnet de peloton (3e peloton) tenu par l’équipage du « Cornouailles ». Ce carnet contenant des informations précises et inédites a permis un travail de recherche affiné notamment au niveau de l’identité des membres d’équipage, de l’armement, du matériel embarqué, des indicatifs et marquages d’époque. Ce projet ancre davantage la Citadelle comme lieu d’histoire et de mémoire et permet de rendre hommage aux troupes libératrices de la Ville.

Char M4 A2 « Cornouailles » dans le Sud de la France en 1944

Char M4 A2 « Cornouailles » dans le Sud de la France en 1944

Le char "Cornouailles" réstauré, 2024