1945, sorties de guerre

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Soldats américains serrant la main à des soldats soviétiques, chacun d’un côté d’un pont en ruines sur l’Elbe. Torgau (Allemagne), 25 avril 1945.
Soldats américains serrant la main à des soldats soviétiques, chacun d’un côté d’un pont en ruines sur l’Elbe. Torgau (Allemagne), 25 avril 1945. - © © Ullstein Bild / Roger-Viollet

Sommaire

    En résumé

    La victoire sur le nazisme, plus que toute autre victoire, laisse aussi un goût amer, celui de l’horreur et de la barbarie de cette guerre mondiale qu’il est essentiel de rappeler : l’immensité des destructions, la souffrance des prisonniers pendant cinq années de captivité et surtout l’ampleur des pertes humaines dans la population civile, tout comme le caractère indicible de l’extermination et de l’horreur des camps, dont très peu reviennent.

    L’écroulement du IIIe Reich et la capitulation japonaise signent la fin d’un conflit dont le bilan humain, matériel et moral pèse lourdement sur la détermination à reconstruire, y compris un nouvel ordre international, augurant déjà de nouvelles tensions. Historien, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale et de la Résistance, Fabrice Grenard donne un aperçu complet de la situation: entre traumatisme et renouveau, l’année 1945 est décisive.

    Avec la victoire des Alliés sur les forces de l’Axe en Europe (8 mai) puis en Asie (2 septembre), 1945 marque la fin de Seconde Guerre mondiale et entraîne l’espoir que cesse le cycle de guerres et de crises économiques débuté en 1914, avec l’émergence d’un monde nouveau, plus égalitaire et plus pacifique. La parenthèse du conflit ne peut toutefois se refermer immédiatement, au regard de son terrible bilan humain et matériel mais aussi du choc psychologique et moral très grave provoqué par la politique d’extermination mise en œuvre par les nazis ou les bombardements atomiques contre le Japon, qui entretiennent un sentiment de fin de civilisation.

    Dernières batailles

    Du 4 au 11 février 1945, Churchill, Roosevelt et Staline, les chefs des trois puissances alliées, se réunissent à Yalta en Crimée alors que se prépare l’assaut final contre l’Allemagne. Sur le front de l’Est, les Soviétiques ont atteint les rives de l’Oder fin janvier et ne sont plus qu’à 75 km de Berlin. La découverte par l’Armée rouge de l’immense complexe d’Auschwitz le 27 janvier confirme au monde entier les terribles réalités de l’univers concentrationnaire nazi et l’évidence de l’extermination des Juifs. Sur le front ouest, la tentative de contre-offensive allemande dans les Ardennes déclenchée le 16 décembre 1944 a été stoppée début janvier.

    Américains, Britanniques et Français peuvent reprendre leur progression vers le Reich et envisager de franchir le Rhin. À Yalta, les Alliés s’accordent pour une capitulation « sans condition » de l’Allemagne. Les zones d’opération des différentes armées alliées deviendront après la capitulation les zones d’occupation respectives de l’URSS, de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de la France, pour laquelle une telle zone est prévue (bien qu’elle ne soit pas représentée à Yalta) en raison de son rôle dans la campagne finale contre le Reich mais aussi pour permettre aux Occidentaux de peser davantage face aux Soviétiques. Cette occupation de l’Allemagne devra s’accompagner d’une dénazification et d’une démocratisation du pays. Roosevelt a également obtenu à Yalta que l’URSS entre en guerre contre le Japon, une fois que les opérations seront terminées sur le sol européen.

    Sur le front occidental, l’offensive finale est lancée début mars 1945. Fin mars, le Rhin est partout franchi. La grande zone industrielle de la Ruhr est aux mains des Alliés à la mi-avril. Aux côtés des Américains et des Britanniques, la France prend toute sa part dans cette offensive, ce qui permet à l’armée française de renaître après l’humiliante défaite de 1940. La 1re armée du général de Lattre de Tassigny, qui a succédé à l’armée B débarquée en Provence le 15 août 1944 après l’amalgame opéré avec les Forces françaises de l’intérieur (FFI), reçoit le surnom de « Rhin et Danube » en raison de ses victoires. Elle s’illustre notamment lors des prises de Karlsruhe et Stuttgart. La 2e Division blindée (DB) du général Leclerc s’empare du « nid d’aigle » d’Hitler à Berchtesgaden le 4 mai 1945.

    Le 25 avril, à Torgau, sur l’Elbe, les troupes alliées venues de l’Ouest font leur jonction avec l’Armée rouge qui a lancé à l’Est son attaque finale le 12 avril. Alors que Berlin est totalement encerclée, Hitler se suicide le 30 avril. L’amiral Dönitz, que le Führer a désigné comme son successeur dans son testament, tente d’obtenir un cessez-le-feu séparé avec les Alliés occidentaux afin de poursuivre le combat contre l’Armée rouge. Il s’agit également de permettre le passage d’un maximum d’unités allemandes derrière les lignes américaines pour leur éviter de tomber aux mains des Soviétiques. Mais Eisenhower refusant une reddition séparée, une capitulation générale du Reich est signée dans la nuit du 7 mai 1945 à Reims, où le général américain a installé son état-major. Staline exige toutefois qu’une seconde cérémonie soit organisée le 8 mai à Berlin, en zone soviétique et en présence du maréchal Joukov. Le général de Lattre y représente la France. L’acte de capitulation entre en vigueur le 8 mai 1945 à 23h01, soit le 9 mai à Moscou, date retenue en URSS comme date de la victoire. La guerre cesse dans toute l’Europe. En France, les dernières poches allemandes de Dunkerque, Lorient et Saint-Nazaire se rendent entre le 9 et le 11 mai 1945.

    Le 8 mai 1945 ne marque toutefois pas la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui se poursuit en Asie. Alors que les Américains envisageaient initialement la possibilité d’un débarquement au Japon, la conquête des îles d’Iwoshima (février-mars) et d’Okinawa (mars-avril) provoque de très lourdes pertes et illustre le jusqu’au-boutisme des Japonais qui préfèrent le suicide à la reddition. Les bombardements du Japon s’intensifient. Le 8 mars, 2 000 tonnes de bombes sont déversées sur Tokyo, où périssent 83 000 victimes. Pour accélérer la fin de la guerre mais aussi révéler au monde entier, et plus particulièrement aux Soviétiques, la maîtrise par les Américains d’une arme nouvelle de destruction, la bombe atomique, le président Truman, qui a succédé à Roosevelt après son décès en avril, décide de lancer en août 1945 deux attaques nucléaires contre les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, qui font un total d’au moins 200 000 victimes.

    Ruines du bâtiment de l’industrie après l’explosion de la bombe atomique larguée par l’armée américaine. Hiroshima, 9 août 1945.
    © SZ Photo / Bridgeman Images


    Le 14 août, le gouvernement japonais accepte les conditions alliées. Le 2 septembre 1945, le général Mac Arthur préside en baie de Tokyo, sur le cuirassé « Missouri », la cérémonie de reddition du Japon. Elle marque la fin d’un conflit mondial qui avait débuté dès 1937 en Asie avec l’invasion de la partie orientale de la Chine par le Japon, en 1939 en Europe avec l’invasion de la Pologne par l’Allemagne.

    Pour la première fois dans l’histoire, une justice militaire internationale est mise en place afin de juger les responsables de la guerre pour leurs crimes. Le procès de Nuremberg, chargé de juger les dirigeants nazis, s’ouvre le 20 novembre 1945. Le tribunal prononcera en octobre 1946 douze condamnations à mort suivies d’exécutions. Ce procès marque une étape importante car il définit la notion de crime contre l’humanité. Il a également permis de révéler au grand public la réalité du génocide juif qui était resté largement ignoré jusqu’à la découverte des centres de mises à mort par les armées alliées. Le procès de Tokyo chargé de juger les dirigeants japonais (à l’exception de l’empereur) se tiendra pour sa part entre avril 1946 et novembre 1948.

    Des morts et des ruines

    Dans les pays alliés, l’annonce de la capitulation allemande le 8 mai 1945 donne lieu à d’importantes manifestations pour célébrer le jour de la victoire (Victory day) sur le Reich. À Londres, la foule envahit Trafalgar Square. À Whitehall, le discours patriotique prononcé par Churchill sur le rôle déterminant dans la victoire de la Grande-Bretagne, qui a longtemps lutté seule contre le Reich, galvanise les Londoniens. À Paris, la ferveur s’est également emparée de la rue. Les Parisiens se sont rassemblés pour écouter le discours de De Gaulle annonçant la capitulation allemande, diffusé dans toutes les rues de la ville. À 15 heures, les cloches de Notre-Dame, comme celles de toutes les églises de France, sonnent la fin de la guerre en Europe.

    Les 8 et 9 mai ayant été déclarés fériés, deux jours de célébrations se développent dans toute la France, avec de nombreux rassemblements patriotiques, défilés et bals populaires. À New York, une grande parade de la victoire est organisée dans les rues de la ville. Partout dans le monde, on célèbre la victoire sur le nazisme et la fin de la guerre en Europe, même si celle-ci se poursuit encore plusieurs mois dans le Pacifique.

    Mais cette célébration intervient dans une Europe en ruines. La fin des combats ne peut marquer un retour immédiat à la normale dès lors que les conséquences d’une guerre ayant fait plus de 60 millions de morts et provoqué des destructions matérielles immenses vont se faire sentir encore longtemps. Des villes ont été entièrement détruites par les bombardements, comme Dresde ou Cologne en Allemagne, Le Havre ou Dunkerque en France.

    Si elles apparaissent plus dures dans les pays vaincus et occupés par les Alliés, les restrictions restent importantes dans les pays vainqueurs. En France, au printemps 1945, le nombre de calories fournies par le ravitaillement officiel n’est encore que de 1 376, loin donc des 2 200 calories quotidiennes indispensables. Dans ces conditions, le ravitaillement reste, pour les Français, une véritable obsession. D’après les sondages de l’époque, il occupe même le premier rang des préoccupations de la population et le ministre du Ravitaillement, Paul Ramadier, est surnommé « Ramadan » ou « Ramadiète ». En Grande-Bretagne, même si les rations officielles apparaissent un peu plus élevées qu’en France, les restrictions se maintiennent également au sortir de la guerre. Elles ne disparaîtront définitivement dans ces deux pays qu’à la charnière des années 1949-1950.

     

    File d’attente devant une boulangerie juste avant le retour du rationnement du pain, Paris, 31 décembre 1945.
    © Keystone - France / Gamma Rapho


    Les contraintes et sacrifices, que doivent encore endurer les populations du fait des conséquences de la guerre, s’accompagnent toutefois d’importantes promesses pour des « jours meilleurs » avec la mise en place de réformes structurelles importantes qui redéfinissent les règles sur le plan économique et social avec l’émergence des « États-providence ». En Grande-Bretagne, le gouvernement Attlee qui accède au pouvoir en juillet 1945 après la victoire des travaillistes s’inspire du rapport Beveridge de 1942 pour créer le Service national de Santé (National Health Service) et adopte un large programme de nationalisations. En France, la plupart des réformes proposées dans le programme adopté par le Conseil national de la Résistance en mars 1944 (sécurité sociale, « retour à la nation des grands moyens de production monopolisés », pouvoirs étendus des syndicats dans les entreprises) sont mises en place entre l’automne 1944 et le début 1946.

    Mouvements et déplacements de population

    La fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe s’accompagne de gigantesques mouvements de populations qui s’expliquent par deux phénomènes différents. Le premier concerne la libération de plus de 20 millions de personnes qui avaient été transférées au sein du Reich à la suite des politiques d’extermination, de travail forcé et d’épuration ethnique conduites par l’Allemagne nazie. La question du retour de ces dispaced persons (DPs) constitue un enjeu important sur le plan logistique et provoque également certaines tensions entre les Alliés alors qu’une partie des « déracinés » originaires de l’Europe de l’Est souhaite obtenir le droit d’émigrer vers l’Ouest, ce que refuse Staline.

     

    Des personnes déplacées attendent près de Hanovre des camions, pour être rapatriés aux Pays-Bas, en Belgique et en France. Allemagne, 9 mai 1945.
    © USHMM, National Archives Record Administration, College Park


    La France est le second pays d’Europe (après l’URSS) à compter le plus grand nombre de ses compatriotes retenus en Allemagne (environ deux millions de personnes, soit 5 % de la population). Parmi eux, une majorité de prisonniers de guerre (1 million), 600 000 requis du STO, 60 000 déportés raciaux ou politiques (seuls 2 500 Juifs sur les 76 000 déportés de France ont survécu), mais aussi 100 000 Alsaciens-Lorrains incorporés de force dans la Wehrmacht. Menés sous l’égide du ministère des Prisonniers, des Déportés et des Réfugiés, que dirige Henri Frenay, les retours s’effectuent entre le début du printemps et l’été 1945.

    En dépit de ses efforts, le ministère est rapidement critiqué. Les formalités administratives sont jugées trop longues, l’accueil n’est pas toujours à la hauteur de ce qu’attendent les rapatriés. Les efforts pour réunir l’ensemble des rapatriés en une même catégorie (« Ils sont unis, ne les divisez pas » demandent des affiches éditées par les fédérations nationales de rapatriés) n’empêchent pas qu’une hiérarchie s’installe.

     

    Affiche du mouvement national des prisonniers de guerre et déportés, 1945.
    © François Guénet / akg images


    Les résistants et déportés politiques sont accueillis en héros. Pour les prisonniers de guerre, si leur longue absence leur confère un accueil chaleureux de la part des populations, leur statut rappelle le déshonneur de la défaite de 1940. L’indifférence est plus grande à l’égard des travailleurs requis qui ont accepté de partir en Allemagne. Et plus encore à l’égard des déportés raciaux dont la vue provoque une sorte d’effroi et renvoie au sujet tabou de la complicité de l’État français dans la déportation. Les rapatriés, qui n’ont pas pu participer à la « fête » de la Libération, retrouvent la France alors que la vie y a déjà repris, y compris la vie politique puisque les élections municipales d’avril 1945 ont lieu avant leur retour. La réinsertion se révèle souvent compliquée, aussi bien sur les plans psychologique, professionnel ou familial (50 000 divorces sont prononcés entre 1945 et 1948). Elle apparaît plus difficile encore pour les déportés raciaux, qui ne retrouvent souvent personne à leur retour et doivent continuer à vivre avec un traumatisme insurmontable.

    La libération des territoires, qui avaient été colonisés par les populations allemandes à l’est de l’Europe, et la redéfinition des frontières en Europe centrale et orientale entraînent un exode massif et des déplacements forcés des Allemands vers l’ouest, qui concerne plus de 12 millions de personnes. Dès 1944, des millions d’Allemands vivant dans les régions orientales du Reich avaient fui face à l’avancée de l’Armée rouge. Après la capitulation, les minorités allemandes de Tchécoslovaquie, Roumanie, Yougoslavie ou encore Hongrie sont chassées de ces pays. Le déplacement de la frontière polonaise vers l’ouest, jusqu’à la ligne Oder-Neiss, entraîne l’évacuation des populations allemandes des territoires concernés. Ces déplacements se développent dans un contexte très difficile et s’accompagnent de nombreux lynchages et massacres qui font plusieurs dizaines de milliers de victimes. Lors de la conférence de Postdam (juillet 1945), les Alliés tentent de mettre en place un système d’encadrement des flux dans leurs zones d’occupation respectives. Afin de favoriser la construction d’États-nations aussi homogènes que possibles, des échanges de populations sont également organisés entre l’URSS et la Pologne, la Hongrie et la Tchécoslovaquie, du fait des nouvelles frontières établies entre ces différents pays.

    Quelle place pour la France dans le nouvel ordre mondial ?

    La fin de la guerre accouche d’un nouvel ordre mondial, dominé par les États-Unis et l’URSS, qui s’imposent comme les deux nouvelles super-puissances alors que le conflit a accéléré le déclin de la « vieille Europe », y compris de la Grande-Bretagne, contrainte sous la pression américaine de renoncer à ses ambitions coloniales et qui sort exsangue de la guerre. Alors que l’État français dirigé par Pétain s’était largement compromis par sa politique de collaboration avec l’Allemagne entre 1940 et 1944, l’existence de la France libre dans le camp allié et le rôle important joué par la Résistance française lors des combats de la Libération ont permis de sauver l’essentiel.

    La France figure bien dans le camp des vainqueurs en 1945. Elle a échappé au projet d’occupation militaire que souhaitaient mettre en place les Américains dans le cadre de l’Allied Military Government of Occupied Territories (AMGOT) et, en octobre 1944, le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), présidé par de Gaulle, est reconnu par les Alliés. Son statut de vainqueur lui permet d’obtenir une zone d’occupation en Allemagne ainsi qu’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies, nouvelle institution internationale visant à préserver la paix dans le monde et le respect du droit international, dont le principe avait été discuté à Yalta, et qui est officiellement entérinée après la conférence de San Francisco (juillet 1945).

    Mais la France voit à la fin de la guerre sa domination coloniale contestée, avec des révoltes qui éclatent dans plusieurs parties de l’Empire. En Algérie, à l’annonce de la capitulation du Reich, des manifestations nationalistes ont lieu à Sétif, Guelma et Kherrata, avec la présence de drapeaux algériens et de slogans favorables à l’indépendance. La répression au cours des semaines suivantes fera entre 10 et 20 000 morts. En Asie, Hô Chi Minh, qui dirige le Vietminh, profite de la défaite du Japon pour proclamer le 2 septembre 1945 l’indépendance du Vietnam. Les deux grandes guerres de décolonisation qui éclateront par la suite apparaissent ainsi en germe dès 1945. Surtout, la France est un pays qui sort meurtri et divisé de quatre années d’occupation. L’unité de façade qui s’était manifestée au sein du GPRF en 1944, comme un prolongement de l’unification de la Résistance, commence à se fissurer dès 1945.

     

    Séance de clôture de la conférence de San Francisco, le 26 juin 1945.
    © Alamy


    Des divisions se développent notamment autour de l’épuration, que certains (les communistes) souhaitent importante, alors que d’autres cherchent à en limiter davantage les effets. L’avenir institutionnel du pays ne fait également pas consensus. Si la Résistance pèse lourd sur un plan symbolique au sortir de la guerre, elle ne parvient pas à s’imposer comme une force politique nouvelle capable de redessiner le paysage politique, comme avaient pu l’espérer certains de ses membres. L’organisation des premières élections démocratiques de l’après-guerre (auxquelles les femmes participent pour la première fois) permet d’élire de nouvelles municipalités dans toute la France au printemps 1945. Elles marquent le retour au premier plan des partis politiques traditionnels et donnent la victoire aux trois grands partis de gauche : le Parti communiste français (PCF), la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) et le Mouvement républicain populaire (MRP). Le 21 octobre 1945, les Français élisent une assemblée et décident par référendum de la doter de pouvoirs constituants : cela signifie qu’ils souhaitent changer de régime et non rester dans le cadre de la IIIe République. De Gaulle est élu chef du gouvernement provisoire par l’Assemblée. Mais un désaccord éclate entre le général et l’Assemblée sur les futures institutions. Alors que le premier défend un régime présidentiel, les partis de gauche actent la mise en place d’un régime parlementaire. De Gaulle démissionne le 20 janvier 1946 et quitte un pouvoir qu’il ne retrouvera qu’en 1958. La refondation, qu’il souhaitait pour donner à la France la stabilité institutionnelle nécessaire à la mise en oeuvre de la politique de « grandeur » qu’il appelait de ses vœux, attendra donc douze ans.

    Auteur

    Fabrice Grenard, historien et directeur scientifique de la Fondation de la Résistance

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