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Valérie André

Femme, générale, pilote d’hélicoptère et directrice du Service de Santé des Armées

Certaines vies sont vouées à l’exceptionnel. Tel fut le cas de celle de Valérie André, marquée par le rêve d’une enfant : « J’étais dans l’espace, tout était noir, sombre et j’étais comme un bolide au milieu d’autres bolides […] Toute petite fille, quand je voyais voler les avions, je disais je serai aviatrice ». Cependant sa vocation était aussi d’être médecin. Grâce à sa détermination, elle conjuguera ces deux appels.

Adolescente, en 1939, elle doit quitter Strasbourg, sa ville natale. Elle entreprend ses études de médecine à Clermont-Ferrand et les achève à Paris en 1948, soutenant sa thèse sur « la pathologie du parachutisme », qu’elle a étudié en assurant la surveillance médicale d’une préparation militaire parachutiste. 

Valérie André s’engage au titre du corps militaire de liaison administrative en Extrême-Orient et rejoint l’Indochine en 1949 comme médecin capitaine, affectée à l’hôpital de My Tho puis de Saïgon. Son brevet de parachutiste incite la hiérarchie à lui proposer d’assurer des missions de largage pour assurer le soutien spécialisé de postes isolés, missions qu’elle accepte malgré leurs difficultés. Plus tard elle affirmera : « Il n’y a pas de mission périlleuse, il y a seulement des missions qu’il faut accomplir à tout prix, car il y va d’une vie humaine ».

Assistant à une démonstration d’hélicoptères d’évacuation, elle comprend aussitôt tous les avantages qu’ils présentent sur le largage d’une équipe médical. Encore faudrait-il que le médecin pilote lui-même la machine, assurant l’aller-retour une fois le blessé mis en condition. Elle propose cette solution et, tenace, obtient d’être envoyée en formation en France. Elle revient en Indochine titulaire de la licence de pilote d’hélicoptère de l’Aéro-club de France. Elle reçoit la formation d’adaptation aux vols opérationnels dans les conditions météorologiques du Sud-Est asiatique avant d’être engagée « en solo ».

Dès lors, ces mots : « mais c’est une femme », l’accueilleront souvent dans les rizières ou sur les pitons, les pistes ou les clairières, là où attendent les blessés alors que claquent les obus de mortier et sifflent les balles Viet-minh. Jusqu’à son retour en France en 1953, Valérie André a évacué 165 soldats au cours de 129 vols opérationnels. En Algérie, de 1959 à 1962, elle réalisera 350 évacuations sanitaires sur Alouette 2 et Sikorsky H34.

Évacuation d'un blessé par hélicoptère Hiller 360 piloté par le médecin-capitaine Valérie André

Évacuation d'un blessé par hélicoptère Hiller 360 piloté par le médecin-capitaine Valérie André

Remise de décorations au médecin-capitaine Valérie André par le général Nguyen Van Hinh

La capitaine Valérie André, médecin, pilote d'hélicoptère et héroïne d'Indochine, s'entretient avec les enfants de Kroa El Botma, près de Bou Saâda

À la fin de la guerre, elle est affectée comme médecin-chef de la base de Villacoublay, puis conseiller du Commandement du Transport Aérien militaire.

Le 21 avril 1976, elle devient la première femme générale de l’Armée française, directrice du Service de santé de la 4e RA et en 1981, prenant rang de Médecin général inspecteur, elle achève sa carrière comme directrice du Service de santé de la 2e RA, à l’époque où cette fonction comportait les charges de conseiller du commandement régional, emploi qu’elle remplit à la satisfaction totale de sa hiérarchie.

En deuxième section des officiers généraux, elle est nommée à la tête de la commission d’étude prospective de la femme militaire.

Pour son courage et son dévouement au service des blessés, Valérie André était la femme la plus décorée au monde, Grand-Croix de l’Ordre National du Mérite (1987) et de la Légion d’honneur (1999). Elle sera honorée en 2010 par la remise du brevet n°001, en or, de pilote d’hélicoptère.